Ainsi il faut noter:
1. Au lieu dit "le Carillot" la présence de nombreux murgers, semble être les vestiges de constructions très anciennes. Ces constatations sont confirmées par la Direction des recherches archéologoiques de Besançon.
2. Depuis ce lieu dit, sur plusieurs sites aux alentours, on peut apercevoir au loin et par temps clair le village de Saint Lothain où était situé jadis le premier monastère érigé par l’ermite Saint Lothain.
3. Le nom de Carillot, de tradition orale également, provient de la présence jadis en ce lieu d’un édifice d’où le tintement des cloches aidait les pèlerins et les voyageurs à trouver leur chemin par temps de brouillard par exemple.
4. Dans le secteur environnant le Carillot, au lieu dit "en Plaisse" et "canton du Roi"’, la présence de constructions gallo-romaines comme la villa et le fanum fouillés par l’abbé Guichard au 19ème siècle. Ce dernier nous raconte que selon une tradition, dont on n'a pas pu vérifier l’origine, il existait au lieu dit "Canton du Roi" selon les agriculteurs, les restes d’un monastère de templier. D’autres paysans lui narraient qu’il s’agissait plutôt de l’emplacement d’une chapelle et d’une confrérie du St Esprit dont les membres se rendaient périodiquement en procession à certaines époques déterminées à "la Croix du Bioulet" par le chemin Saunier de la montagne avant la Révolution.
D’après des papiers qu’il avait en mains, l’Abbé affirmait qu’il existait encore au XVIIème siècle à Pupillin une confrérie du St Esprit (4). D’autre part, j’ajoute à ce faisceau de présomptions que les lieux-dits aujourd’hui disparus : "En Rafour" et "Les Loges" proches du lieu dit "le Carillot" confirment cette hypothèse car à mon avis le deuxième prieuré de Saint Symphorien faisait partie du village de Buvilly situé au IXème siècle à l'écart de l'actuel village. Ainsi l’étymologie "En Rafour" signifie four à chaux alors que "les Loges" : huttes, cabanes et par extension, lieu où les pestiférés étaient mis en quarantaine au Moyen Age.
Enfin puisque le Monastère fut érigé selon Saint Lothain "In Villa quae dicitus Maximiacus" ce qui signifie "dans la propriété que l’on appelle Maximiac", j’appuie donc l’hypothèse comme d’autres historiens que la propriété de Maximiac englobait la villa gallo-romaine, d’autres bâtisse et le monastère. D’ou sans doute la tradition orale racontée encore au XIXème siècle affirmant qu’il existait au lieu dit "Canton du Roi" ou la "Communauté" une ville qui s’étendait autrefois jusqu’à Grozon (3). Mais l’abbé Guichard signale que le mot ville pourrait être la déformation de villa : domaine rural dont il prouva l’existence par des fouilles en 1888. En outre, l'amas de tuileaux et les fondations des murs au lieu dit Canton du Roi passaient à cette époque pour les ruines d'un couvent (10).
Je pense que le prieuré dit Saint Symphorien habité jusqu'en 1639 par un prieur et trois ou quatre moines (1) a succédé à celui fondé par Saint Lothain. En réalité, dès le début du XIVème siècle, il avait cessé d’être conventuel à cause des guerres de Louis XI et de la peste de 1349 qui avait entièrement dépeuplé Buvilly. Ainsi dès le commencement du XVIème siècle, on voit des receveurs chargés spécialement de la perception des revenus et même des fermiers (1).
Encore aujourd’hui de multiples éléments témoignent de la présence des moines au village. Ainsi, la statue en bois du XVème siècle qui représenterait un prophète (6) déposé dans les fonds baptismaux de l’église aurait fait partie d’un groupe de statues car on ne représente rarement un prophète seul (7).
Cette suggestion est renforcée par les dires de Chevalier qui signale en 1769 que l’antique église du prieuré, remanié au XVème contient "des statues dont la draperie représenterait l’habit des anciens moines bénédictins". De plus, la statuette en pierre à l'angle de la maison Guillemet figure Saint Antoine, patron des Antonins.
D’autre part, la maison Voitoux où l’on peut admirer les inscriptions latines : I N R I (abréviation de l’inscription mise par Pilate sur la croix Jésus Nazarenus Rex Juderum"Jésus de Nazareth, roi des Juifs (8), Jésus Marie, son idéogramme...
Enfin, la tour et la maison Sommer/Gremaud avec son poisson (il en existait encore deux qui se faisaient face au milieu du XXème siècle mais un fut complément détruit à cette époque) symbolisant le Christ et les bâtisses proches suggèrent que ses bâtiments faisaient partie des dépendances du prieuré.
Pour finir, les stalles sobres du choeur de l’église, achetées pour 400 francs datent de 1869 (9). Par conséquent, ces dernières ne sont pas celles sculptées où les religieux s’installaient pour assister à l’office que nous indique en 1789 Chevallier.
1. D.J.C. Buvilly page 357
2. R.C.A.C. Bernard et Bruel
3. Mémoires historiques sur Buvilly 1995
4. S.E.J. 1889 La villa gallo romaine, GUICHARD page 108
5. A.D.J SE 358/1
6. Art sacré dans le Jura DECLUME 1972
7. H.V.P. Tome 2 page 247
8. Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française
Paul ROBERT 1985
9. Archives paroissiales de Buvilly
10. D.J.C. Pupillin page 372 |