HISTORIQUE DE BUVILLY
 
 
Une communauté villageoise au dernier siècle de l’ancien régime.
 
 
 
La vie religieuse
  
 Sur la piété et la pratique religieuse à cette époque, nous possédons peu de renseignements. Toutrefois, deux grands événements se sont déroulés au XVIIIème siècle. Le premier fut l’installation et la bénédiction de la "petite" cloche en 1746. Le deuxième fut la translation des reliques de Saint Symphorien, Saint Antoine et Saint Ignace le 17 juin 1747 données par le chapitre de Poligny avec l’autorisation de l’archevêque de Besançon.

Hide details for 1. Le prêtre1. Le prêtre

Fonction et salaire du curé

Comme curé primitif et patron de l’église, l’Abbé de Baume nommait un vicaire amovible, auquel il donnait pour tout salaire le tiers du casuel. Plus tard, il institua un prêtre perpétuel inamovible sous l’impulsion du concile de trente et par les édits de nos rois. En 1769, il fut condamné à payer la portion congrue qui se composait de 50 mesures de blé, estimées à 425 livres à raison de 40 sols la mesure et 2 muids et demi de vin estimé à 75 livres à raison de 30 livres le muid (1). Par contre les fermiers de l’abbé donnaient depuis au moins 1692 une portion congrue qui se chiffrait en 1766 à 192 livres, 13 sols, 4 deniers (2).

La communauté quant à elle assurait un revenu au curé qui s’élevait à 47 livres en 1772 (3)contre 35 livres 6 deniers en 1755 (4). Du moins à cette dernière date, le prêtre recevait par feu et ménage 1 mesure de blé et 6 sols. En outre, les laboureurs lui devaient deux journées de charrue contre une journée à bras pour ceux qui ne possédaient pas le matériel. Remarquons que ces redevances ne concernaient pas les non résidents. Divers revenus occasionnés lors des mariages, enterrements s’ajoutaient à ceux cités juste avant.

Ainsi par exemple, le curé, Jean Ferdet perçut au moment du décès de Jean Baptiste Robert en 1691 (5): un capital de 100 frs.

  • 1 franc 6 gros pour le frais de mortuaire
  • 15 sols pour le drap du mort
  • 3 livres pour la messe
  • 4 livres pour offrande annuelle
  • 6 francs pour frais de mortuaire
  • 13 francs 4 gros pour la fondation dans l’église

(cette somme servait à financer une ou des messes célébrées lors de l'anniversaire et pouvait se payer sous forme de bien fond : terre, pré ou vigne)

Le prêtre possédait en 1788 (6):

  • 1 ha 42a 9ca de pré
  • 71 a 54.7 ca de vigne

De plus il affermait pour son compte:

  • 24ha 94.80ca de terre labourable
  • 9ha 27a 35.2ca de pré
  • 28a 49.2ca de vigne

Une remarque s’impose:

La majeure partie des terres du curé provient d’anciennes dotations attribuées à des chapelles de l’église

Nature des dotations en 1751 (7)Dépendance
36a47.00ca de préChapelle des moynes
30a60.00ca de terre labourableChapelle Marie Madeleine
2ha 00a07.00caChapelle Saint Jacques
36a47.04ca de préChapelle Notre Dame Saint Sébastien
3ha56a 64 05ca de terre labourableChapelle Notre Dame Saint Sébastien
1ha37a 23.05ca de vigneChapelle Notre Dame Saint Sébastien
93a53.00ca de préChapelle Saint Jean (érigée à Grozon)
2ha 9a66.00ca de terre labourableChapelle Saint Jean (érigée à Grozon)
1ha 96a37.00ca de vigneChapelle Saint Jean (érigée à Grozon)

Le prêtre était assisté dans ses tâches par l’instituteur qui enseignait le catéchisme, servait de témoin lors des enterrements (du moins au début du 18ème siècle), sonnait les angélus...

Le logis du desservant

L’article 22 de l’édit de 1695 décida que les habitants de toute la communauté villageoise étaient tenus de fournir au curé un logement convenable. A défaut de logement, ils lui devaient une indemnité de substitution. La déclaration du mois d’avril 1683 et l’arrêt du conseil d’état de 1684, décidèrent de quelle manière auraient lieu les impositions pour la construction et la réédification des maisons presbytérales. Les frais de ces dernières étaient à la charge de la commune.

Ainsi, on apprend en 1772 (3) que M. Pierre Sage perçoit de la communauté 6 livres pour 2 toises du mur du jardin curial et 2 barils de chaux pour la réparation du presbytère. Notons que le presbytère avec le jardin fut estimé en 1790 à 3500 livres.


Hide details for 2. L’Eglise2. L’Eglise

L’église de Buvilly, existait déjà au XIème siècle comme le prouve la bulle de 1089 qui en confirme la possession à l’Abbé de Baume. Les piliers qui séparent la nef des collatéraux portent l’empreinte de la fin du XVIème siècle.

L’Eglise qui relevait de la règle bénédictine était à nefs entièrement recouverte de bois, d’où une filiation monastique qui lierait les églises de Buvilly, Lons le Saunier, Mouthier Vieillard, Quingey, Saint Lothain et Saint Maur à Baume. Au XVème siècle, on construisit les chapelles agrémentées en coins de têtes sculptées pour les fonds baptismaux ou de colonnettes avec feuilles de vigne pour la chapelle Saint Joseph par exemple.

Le clocher de la même époque fut remanié comme la nef, le choeur, les collatéraux en 1689. Le clocher était un clocher porche au XVème siècle comme le prouve le corbeau à l’entrée de la nef. Le 13 septembre 1746 fut installée une cloche d’un poids d’environ 400 Kg. Elle fut fabriquée par Messier GILLOT et DURAND. Elle a été bénie par M. l’Abbé Fleur, curé de la paroisse après délégation de pouvoir de Monseigneur de PHILADELPHIE, évêque de Besançon, et vicaire général (13).

Le 17 juin 1747, les reliques de Saint Symphorien, Saint Antoine, et Saint Ignace ont été données à la paroisse par le chapitre de Poligny avec l’autorisation de l’archevêque de Besançon (13).

En 1769, l’historien François CHEVALIER nous laisse une description de l’église. Ainsi, nous dit-il : l’église de Bevilli (Buvilly) porte toutes les marques d’une Eglise ancienne et monacale, elle est à trois nefs et n’a jamais été voûtée, on n’y voit ni arcs boutants ni contreforts : elle n’est terminée que par un simple lambris ou plafond comme l’étaient les anciennes basiliques. On y voyait, il y a peu d’années les stalles des religieux, et l’on remarque encore des statues dont la draperie représente l’habit des anciens moines bénédictins : elle est consacrée à l’honneur de Saint Symphorien, martyr d’Autun.....

L’Abbé de Baume a le patronage de l’église de Bevilli, où il y a deux chapelles fondées, l’une sous le titre de la Sainte Vierge et Saint Sébastien dont le Sieur Monnoyeur, ancien lieutenant général en est patron du chef de Claudine de Vers, sa mère, de la famille des fondateurs. En 1771, Antoine Claude Henri BOUCHARD, prêtre, demeurant à Besançon prit possession de la chapelle. En 1791, il concéda un bail de 6 ans des terres dépendant de la chapelle aux laboureurs buvillois, Claude Pierre CHARBONNIER, Denis Claude COLIN et Jean Claude FRERE (14).

L’autre chapelle sous le titre de Notre Dame et Saint Antoine est de la fondation et du patrimoine des Le Moine, famille noble, originaire de ce lieu’ jusqu’en 1690, date ou Philibert le Moine, docteur en droit fut enterré dans la chapelle familiale. Ainsi à partir de cette date comme descendant de ce dernier, le patronage de la chapelle passa à la famille MIGNOT du quartier polinois de Mouthier le Vieillard. Notons que l’on voyait encore jusqu’en 1789, date où elles furent détériorées, les armoiries de leurs fondateurs dans l’une comme dans l’autre chapelle.

La commune buvilloise alloue une somme d’argent pour l’entretien de la Maison de Dieu selon l’article 22 de l’édit de 1695. En outre, elle fournissait 85 livres pour le luminaire et le "clochetier" en 1775. En 1770, il fut organisé une réparation importante car les fidèles avaient déserté l’office du dimanche suite à l’état déplorable de l’église.

Par conséquent, l’on refit le toit des nefs, le clocher, on reboucha plusieurs trous et on construisit un escalier pour accéder au clocher... Pour couvrir en partie les dépenses, la commune vendit une portion de bois de 7ha 40a 5 ca dit du Bioulet (11). En ce qui concerne les frais d’entretien des chapelles, un arrêt du 12 avril 1688 avait établi la distinction selon deux particularités.

Ainsi quand elles avaient été bâties avec l’Eglise et n’en faisant pas un corps séparé, elles étaient entretenues par les habitants. Si au contraire, elles paraissaient bâties additionnellement, les réparations étaient à la charge du finir, chapelain. Pour les personnages de renom firent des dons à l’église. Par exemple DOUCE, dite tantôt Baudete, nommée de Poligny fit des donations en 1337 à Sébille "sa demoiselle", à Dieulefit son valet, aux hôpitaux de Poligny, aux églises de Bersaillin, Buvilly, Miéry et Tourmont (12).


Hide details for 3. La fabrique3. La fabrique

L’administration chargée des biens de l’église ; la fabrique était gérée par des laïcs. La communauté assurait à ces derniers leur salaire. Ainsi en 1776, le fabricien buvillois (gestionnaire écclésiastique) perçut 5 livres contre 8 livres 18 sols pour le marguillier (trésorier des biens de l’église) (10). En règle générale, le revenu de chaque église ou évêché était partagé en 4 portions égales. La première pour l’évêque, la seconde pour le clergé du diocèse, la troisième pour les pauvres, et la quatrième pour l’entretien et la réparation des églises.

Les Marguilliers et autres administrateurs étaient tenus de rendre compte chaque année des biens de l’église. Les trésoriers ne pouvaient ordonner des réparations considérables ou des constructions neuves, sans les avoir préalablement fait arrêter dans une assemblée de la paroisse, sans avoir obtenu la permission de l’évêque, l’agrément du seigneur, le consentement du gros décimateur et des habitants.


(1) 1H245 A.D.J.

(2) 1H255 A.D.J.

(3) C811 A.D.J.

(4) CIC 1C 855 A.D.D.

(5) 5B 1092 A.D.J.

(6) CP1554 A.D.J.

(7) 5E 358/1 A.D.J.

(8) A.P.B.

(9) 5E 358/7 A.D.J.

(10) C 835 A.D.J.

(11) C 735 A.D.J.

(12) H.V.P. Tome 2 page 276

(13) Mémoires historiques Buvilly

P. DENETRE, L. LOCATELLI, F. MOUCHOT 1995

(14) 4E 192 A.D.D.