1. Les fonctions du maître
Jean-Baptiste Ecureux, instituteur au village de 1782 à 1789 était obligé de tenir la classe du 1er novembre jusqu’à la moitié du mois d’avril (1). D’autre part, le salaire du maître s’élevait en 1782 à 160 livres par an (somme payée par la commune) plus une quête de vendange selon la volonté des habitants (2). De plus, M. Ecureux recevait :
- 4 sols des enfants qui commençaient à apprendre
- 5 sols des enfants qui lisaient et comptaient
- 6 sols des enfants qui apprenaient à compter et à chanter.
Sans oublier que l’instituteur est l’auxiliaire du curé. Ainsi, M. Ecureux dut faire la première année de sa fonction de maître d’école le catéchisme chaque dimanche à 13 heures. Il était obligé de chanter tous les offices comme ceux du dimanche ou des mariages par exemple. En outre, le recteur d’école, comme on le nommait à l’époque, servait de témoin du moins au début du XVIIIème siècle lors des enterrements.
Pour poursuivre en ce qui concerne Jean-Baptiste Ecureux, il devait sonner les angélus du matin, midi et soir. Du même coup, il en profitait s’il en était besoin pour rallumer la lampe de l’église, remonter l’horloge et en faire l’entretien. Il assurait encore le rôle de secrétaire de mairie : écrivait les impositions et les écritures concernant la commune. Il procédait à "l’airrage" des rentes constitué par la communauté. La durée du contrat était fixé à 9 ans contre 7 à Arbois. Cependant, Jean-Baptiste Ecureux était libre de quitter tous les ans en avertissant 3 mois auparavant. Il fallait néanmoins l’approbation du prêtre du village et de l’archevêque de Besançon.
Une remarque s’impose : l’éducation des jeunes filles n’était pas pour autant négligée au village. Ainsi par exemple, Jeanne Françoise Maîtrejean, est institutrice au village de 1782 à 1790 (3).
Des différences portant sur le salaire, les tâches incombant aux instituteurs des sexes opposés sont à signaler.
Ainsi, Jeanne Françoise Maîtrejean était tenue de faire la classe de la Toussaint (le 1er novembre) au 15 avril. De plus, si un parent d’élève décidait d’envoyer sa fille durant l’été, elle était obligée de tenir la classe. Commençant sa fonction dès 7 heures le matin et 13 heures l’après-midi, elle apprenait tous les jours le catéchisme aux fillettes. Elle devait conduire ces dernières deux par deux si après l’instruction de l’après-midi elle les emmenait à l’office "pour y adorer un petit moment le Saint Sacrement".
Tous les dimanches et fêtes solennelles, elle était obligée de faire "conférence dans la chambre de classe" pour ensuite faire assister les fillettes aux vêpres. Elle percevait comme salaire 17 livres, somme provenant du legs donné par le testament du prêtre. Guyennet plus les intérêts annuels de ladite somme consentie par la communauté pour les années 1782-83 et 84. En outre mensuellement, chaque fille qui apprenait à lire donnait 4 sols contre 4 sols et demi pour celle qui étudiait l’écriture.
Le contrat fut passé pour une durée de 6 ans mais chaque année Jeanne Françoise Maîtrejean devait obtenir le consentement du curé pour continuer d’exercer.
2. La situation matérielle des maîtres
En 1695, une ordonnance avait fixé un salaire minimum de 150 livres (4) chiffre largement atteint en 1753 : 193 livres par an mais ce revenu ne cessa de diminuer jusqu’en 1772. Ainsi, le maître d’école percevait 148 livres en 1762 contre 105 en 1772 et 160 en 1782. D’autre part, cet appointement était complété par l’argent perçu comme nous l’avons vu par une rémunération mensuelle fixée selon l’apprentissage offert.
Une remarque s’impose : les femmes étaient largement moins payées que les hommes.
Pour poursuivre, l’on rencontre les maîtres d’école dans la liste des contribuables les plus faiblement taxés ou même ils n’apparaissent pas dans le groupe des imposés. Ainsi en 1775, Guignard Jean-Claude possédait :
- 295a 12ca de terres labourables
- 62a 30ca de prés
- 48a 95ca de vignes dont 31a 15ca loués à M. Tavernier
- 3 boeufs et 1 vache.
Il était imposé à 7 livres 7 sols contre 2 livres 11 sols pour Pierre Simon Baudoz, maître d’école en 1762 (5).
Pour conclure, l’instituteur sous l’ancien régime se situait dans le groupe des habitants pauvres au village.